Lire le chapitre 2: Chapitre 2 (2024)

Le regard horrifié, la Kunoïchi vit la main qui lui caressait tendrement la joue retomber mollement sur le matelas, le long du corps inerte de Kakashi.

Tsunade se précipita.

-Faîtes sortir Sakura d'ici ... TOUT DE SUITE !!! Cria - t - elle.

La seconde infirmière qui aidait à panser les plaies du Shinobi s'arrêta, attrapa le bras de l'intéressée et la força à quitter l'endroit. Hébétée par ce qui venait d'arriver, la Fleur n'opposa aucune résistance et se laissa entrainer hors des lieux.

Debout, plantée dans cet affreux couloir, les yeux hagards, pétrifiée par le désarroi et le chagrin, ces larmes avaient cessé de couler. La jeune fille chargée de ramener de l'eau pour le blessé s'approcha d'elle au moment où la Godaïme sortait de la pièce, après d'interminables minutes.

-Voici l'eau que vous m'avez demandée, se risqua timidement la novice, ignorant le drame.

La lueur d'espoir qui persistait au fond du coeur de Sakura s'envola lorsqu'elle croisa les prunelles noisette de son Maître, à l'intérieur desquelles elle lut l'expression caractéristique de l'impuissance face à la fatalité.

-Ce n'est plus nécessaire, murmura la Ninja Médecin qui tentait tant bien que mal de maîtriser ses émotions en prenant le flacon que lui tendait l'assistante... Merci, Yoko... Maître Tsunade, puis - je Le voir s'il vous plait ?

L'Hokage secoua la tête négativement, paraissant très attristée.

-Je suis désolée, Sakura, répondit - elle d'une voix douce qui se voulait apaisante. Tu connais la procédure, nous avons été obligés d'évacuer Son corps par la porte dérobée afin d'éviter aux personnes évoluant dans nos locaux, d'assister à la vision qui leur enlèverait l'espoir...

Sa disciple lâcha subitement le petit récipient qu'elle tenait à bout de bras et s'effondra à genoux au milieu du couloir, dans la flaque causée par la chute du liquide qui s'était répandu sur le sol, pendant que le contenant tournoyait sur lui - même avant de s'immobiliser à côté de ses pieds. Tsunade s'abaissa à sa hauteur et la prit dans ses bras, essayant ainsi de consoler l'inconsolable.

Autour d'elles, un ballet incessant perdurait. Des victimes amenées par leurs collègues, d'autres médecins, des infirmiers fourmillaient, s'arrêtant parfois pour s'occuper des familles inquiètes pour leurs proches, des cris, des pleurs, encore et toujours...

Mais la jeune femme aux cheveux roses ne les entendait pas, ne les voyait pas non plus, aveuglée par le chagrin. Tout ce qui importait était le fait qu'Il venait de perdre la vie sous ses yeux et qu'elle ne s'en remettrait sans doute jamais.

Le premier décès de sa carrière de Ninja Médecin au sein de l'hôpital qui avait assisté à ses premiers pas dans la profession. Certes, elle s'y était préparée, mais pourquoi avait -il fallut que ce soit Lui et non un anonyme? Peut - être ne se serait - elle pas sentie aussi affectée en assistant à la mort de quelqu'un qu'elle ne côtoyait pas, même s'il s'agissait d'un évènement éprouvant... Là, c'était Kakashi Hatake, son premier Sensei, son ami, la personne à qui elle tenait le plus, en dehors de Naruto qu'elle considérait comme un frère...

Devant le désespoir et l'accablement de la Kunoïchi visiblement traumatisée, la Godaïme, compréhensive, la pria de rentrer chez elle se reposer. Trêve méritée parce qu'elle n'avait que très peu dormi depuis quelques jours, car forcée de répondre présente pour effectuer son travail à l'hôpital. Ses nerfs venaient d'être mis à rude épreuve en ce jour sombre. Son univers s'était écroulé, sa joie de vivre emportée par la Grande Faucheuse qui avait décidé de la priver à jamais de Sa présence si indispensable à son coeur.

oOo

Machinalement, elle erra dans les rues de Konoha, le pas lourd et lent, le regard perdu. Comme pour un automate, ses jambes la portèrent jusqu'à sa chambre, guidées par des filins invisibles reliés à une matrice imperceptible. Son oreiller accueillit un torrent de larmes qui se déversaient indéfiniment. Dès l'instant où les yeux de l'Homme au Sharingan s'étaient définitivement refermés, elle avait compris qu'aucune aide, aussi psychologique fut - elle, ne pourrait apaiser la douleur cinglante qui se terrait dans son ventre et qui ne disparaîtrait pas.

Après une nuit affreuse qu'elle passa à ressasser les souvenirs qu'elle avait partagé avec le Sensei défunt, elle regagna son poste habituel à l'hôpital. Les combats cessaient petit à petit et l'espoir d'une trêve prochaine se profilait.

Naruto, Saï et Yamato rentrèrent opportunément au village afin d'assister aux obsèques qui accompagnèrent l'âme de leur ami jusqu'à sa dernière demeure, dans une certaine intimité. Tous savaient qu'il ne désirait aucun débordement de sentimentalisme donnant sur des discours interminables et élogieux auxquels tout héros avait droit. Seule son équipe, ses plus proches amis l'escortèrent dans le plus grand silence, calme, respectueux et sobre, fidèle à son image. Une pierre tombale fut ajoutée au cimetière qui en comptait déjà d'innombrables, à perte de vue.

Celle de Kakashi fut implantée près d'un grand cerisier, un arbre qu'il affectionnait beaucoup. C'était sur une haute branche d'un de ses congénères poussant dans le parc qu'il se hissait pour lire dans la tranquillité les ouvrages écrits par Jiraiya.

Durant le rituel, les yeux de Sakura ne versèrent aucune larme malgré la douleur qui torturait ses entrailles. L'envie de hurler sa souffrance au monde entier sans qu'aucun son ne sorte de sa bouche écrasait son larynx, la laissant déglutir avec difficulté, mais elle resta digne de son statut de Kunoïchi. Le Jinchûriki blond la soutenait de son mieux, essayant aussi de faire abstraction de son propre chagrin.

Elle manqua de vaciller lorsqu'on ensevelit le Ninja Copieur sous la terre meuble qu'une plaque de marbre ne tarda pas à recouvrir avec noblesse dans le plus grand respect et l'honneur que le village lui devait après son sacrifice. Le bras robuste de son équipier l'en empêcha. En levant la tête vers Naruto, elle aperçut le visage fermé, les traits tirés et les mâchoires crispées de celui - ci dont le regard se noyait dans la contemplation de la pierre habilement taillée que l'on ajustait devant eux.

A la fin de la cérémonie, chacun rentra chez soi, dans le calme et le recueillement. Seule, la disciple de Tsunade s'attarda dans le cimetière. Ses cheveux roses virevoltaient de manière indisciplinée autour de ses épaules dans une brise qui la fit frissonner. Cet air frais lui glaça les os dans sa tenue de deuil noire.

Les émeraudes rivées sur la tombe nue, elle médita quelques instants avant de rejoindre son appartement. Peu de temps après, elle en ressortit en tenant un vase et se dirigea vers un champs multicolore où fleurissaient diverses plantes. Elle cueillit des Pensées sauvages et des Immortelles rouges, puis retourna auprès de la tombe, en ayant pris soin de remplir le vase d'eau disponible à l'entrée des lieux. Elle le déposa délicatement sur le marbre gris et composa un joli bouquet qu'elle y arrangea, puis resta debout à détailler son oeuvre. Des oiseaux, qui avaient probablement élu domicile dans le grand arbre majestueux, unique témoin de la scène, s'envolèrent dans un bruissem*nt d'ailes, la faisant tressaillir légèrement avant de replonger dans ses réflexions.

-Sensei... murmura - t - elle. Pourquoi ?

Elle éclata en sanglots, laissant échapper la douleur confinée à l'intérieur de son être et dissimulée sournoisem*nt dans sa chair, loin des regards.

-J'aurais pu vous soigner...Pourquoi avez - vous choisi de partir ? ... Je n'ai même pas été autorisée à vous dire au - revoir... ce que je ressentais, tout ce que vous auriez du entendre depuis longtemps mais que je n'ai jamais osé vous dire...Par respect des règles, de la hiérarchie,....mais surtout par lâcheté envers moi - même car je ne voulais pas me l'avouer, envers vous parce que je redoutais votre réaction plus que tout. Alors que vous avez si souvent été là pour moi, au seul moment où vous aviez besoin de moi, vous avez refusé mon aide... Pourquoi...pourquoi...Sensei...pourquoi...?

Ces dernières paroles se perdirent dans le murmure des feuilles du grand cerisier.

C'est ainsi que tous les soirs, après le travail, elle se changeait et ressortait de chez elle à la nuit tombée, pour retrouver ce lieu qu'elle maintenait toujours fleuri des mêmes fleurs depuis le premier jour. Chaque fois, elle se laissait aller à la méditation qui faisait surtout ressurgir d'agréables souvenirs qu'elle refusait d'enterrer. Cela se soldait par des larmes qu'elle laissait s'écouler librement loin de tous les regards, loin de tous.

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